Le 12 Août 2002

 

Depuis que les archives par manque de place ne sont plus accéssibles, j'ai reçu des mails me demandant de rediffuser certains articles que j'avais écris quelques mois auparavant. Les mails les plus nombreux me demandent celui concernant BARBARA. Aussi voici pour ceux qui me l'ont demandé, et pour ceux qui ne connaissaient pas le site à cette époque, l'article que j'avais consacré à La longue Dame Brune. J'y ai rajouté des extraits musicaux, car il n'y avait pas encore de streaming sur le site...

 

BARBARA

1930 --1997

 

C'est en chantant toute de noire vêtue que BARBARA apporta du

soleil, de la lumière, et du bonheur à des millions de personnes, à travers le monde.

 BARBARA est née Monique Serf à Paris le 9 Juin 1930. Ses années d'enfance sont marquées par l'occupation allemande. Ses parents sont juifs, et durant quatre années, ils vont survivre entre la peur et la clandestinité. Une fois la guerre fini, son père se sépare de sa femme, et disparaît sans laisser d'adresse.

Dix ans plus tard BARBARA retrouve sa trace, et arrive à Nantes quelques instants après son décès. Son regret, sa tristesse sont immenses, elle n'a pu lui dire un dernier adieu, à "ce vagabond, ce disparu". Sa peine, elle l'exprimera d'une façon unique dans une chanson. Jamais personne avant elle, n'était arrivé à un tel déchirement, jamais un coeur, jamais une voix n'avait pleuré, n'avait chantée la mort mort d'un père, comme BARBARA dans la chanson

NANTES

 

A l'heure de sa dernière heure

Après bien des années d'errance

Il me revenait en plein coeur

Son cri déchirait le silence.

Depuis qu'il s'en était allé

Longtemps je l'avais espéré,

Ce vagabond ,ce disparu

Voilà qu'il m'était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-aux-Loups

Je m'en souviens du rendez-vous

Et j'ai gravé dans ma mémoire

Cette chambre au fond du couloir ..........

Mais il ne m'a jamais revue

Il avait déjà disparu.

Voilà tu la connais l'histoire

Il était revenu un soir

Et ce fut son dernier voyage

Et ce fut son dernier rivage,

Il voulait avant de mourir

Se réchauffer à mon sourire

Mais il mourut à la nuit même

Sans un adieu, sans un je t'aime.

Au chemin qui longe la mer

Couché dans un jardin de pierres,

Je veux que tranquille il repose,

Je l'ai couché dessous les roses,

Mon père, mon père ..........

Adolescente, BARBARA apprend le solfège, le piano et le chant au Conservatoire de Paris. Après une figuration au Mogador dans "Violettes Impériales", elle prend le pseudonyme de BARBARA en souvenir de sa grand-mère russe. Elle tente sa chance dans les cabarets de Saint-Germain-des-Prés. Elle se produit chez Moineau et à La Rose rouge, mais n'arrive pas pour tout autant à gagner sa vie.

Elle décide de tenter sa chance à Bruxelles. Elle transforme une salle de bal en cabaret Le Cheval Blanc, dont elle est l'ouvreuse, et la vedette.

Elle revient à Paris, et trouve un engagement à L'Ecluse. Pendant six ans, elle va chanter chaque soir devant une soixantaine de personnes. A ce moment là, pour ses premiers fans, elle devient La Chanteuse de Minuit.

Dans le même temps, elle enregistre Brassens et Brel. On la voit dans l'émission de Denise Glaser "Discorama", dans son propre répertoire. A L'Ecluse, dans sa loge, BARBARA écrit des chansons, elle ne dit pas tout de suite qu'elle en est l'auteur, mais les inclut discrètement dans son répertoire habituel. Exceptionnellement, elle quitte le cabaret, pour assurer la première partie de Brassens à Bobino.

Là le public découvre " Dis quand revientras-tu ?" son premier grand succès. Son 33 tours "BARBARA chante", est récompensé par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.

Son succès va grandissant, et l'année suivante elle retrouve Bobino, mais cette fois en tête d'affiche. Elle fait salle comble tous les soirs, et le public lui jette des roses sur scène. En pleine époque yéyé, elle s'impose en France, mais aussi en U.R.S.S, au Canada, en Allemagne et au Japon.

Au Théatre de Gottingen, où elle est engagée pour deux représentations, elle fait salle comble, et se trouve dans l'obligation de prolonger durant une semaine.

Ensuite, c'est l'Olympia, à l'occasion d'un Musicorama d'Europe N°1, pendant lequel elle mélange des succès comiques du début du siècle à son propre répertoire. Elle y retourne pour une quinzaine de concerts, rejoint chaque soir par Georges Moustaki, le temps d'une chanson : La Longue Dame Brune.

 Puis arrive son plus gros succès : L'Aigle Noir . Les journalistes disent-d'elle "...La chanteuse confidentielle devient une chanteuse populaire..." BARBARA se retrouve numéro un au Hit-parade, devant Johnny Hallyday, elle dira "...Je suis incapable d'inventer une histoire, cette chanson, je l'ai rêvé une nuit, puis écrite un matin au réveil...."

A cette période, elle déclare vouloir renoncer à la scène pour ne pas devenir une fonctionnaire de la chanson. Mais sous la pression du public, elle revient sur sa décision. Elle chante au Théatre des Variétés, à l'Olympia. Sur scène, un rockin' chair lui évite les maux de dos durant les longues périodes de répétitions avec ses musiciens.

En 1981, elle réussi à faire venir à l'Hippodrome de Pantin, 100 000 personnes en un mois de représentations. Avec Gérard Depardieu, elle crée au Zénith, Lily Passion, une histoire d'amour entre un tueur et une chanteuse. Puis c'est le Chatelet, avec son répertoire habituel.

BARBARA refuse la campagne publicitaire, ce qui n'empèche pas ses milliers de fans d'être au rendez-vous.

Au début des années 90, BARBARA se bat pour faire prendre conscience aux jeunes des dangers du Sida, et soutient les associations Act-up et Sol en si, elle leurs offrent les droits d'auteur de sa chanson "Sid'Amour à Mort".

En 1993, de nouveaux concerts au Chatelet, le soir de la première, de jeunes admirateurs déroulent un tapis de roses rouges entre le Chatelet et l'hotel voisin, où elle s'est installée.

A plusieurs reprises, le spectacle est arrêté, malade, BARBARA est consciente que ce sont ses adieux à la scène. Après un ultime récital à Tours, elle se retire dans sa maison de Précy-sur-Marne.

"Dans le silence on entend mieux le cri des autres..." En 1996, BARBARA enregistre son quatorzième et dernier disque, et commence à écrire ses mémoires " Il Etait Un Piano Noir ".

 Le 24 Novembre 1997, la mort la frappe, et nous prive de cette voix unique et inquiétante. Barbara est enterrée dans le carré juif du cimetière de Bagneux.

 

"...Chanter c'est tout simplement ma nourriture, ma vie, et le public, c'est le seul amour à qui je sois demeurée fidèle..."